L’autre mouvement «Me too»

Odile Cazeneuve Writer and Digital Media Manager

 

 

 

 

 

 

Depuis ces dernières années, de grands changements ont lieu au sein du système international. Avec la démocratisation d’Internet et de tous les outils numériques, les frontières sont de plus en plus floues et les échanges internationaux de plus en plus faciles.

Sur la scène internationale, de nouveaux acteurs comme les ONG et les multinationales font leur apparition et tentent de s’imposer dans les décisions transnationales. Même sans compter l’émergence de ses nouveaux acteurs, les institutions internationales sont en pleines mutations, ce qui est nécessaire à leur survie dans cette nouvelle ère. Ainsi, les pays du continent Africain demandent une meilleure représentation, ce qui est compréhensible quand on sait qu’ils représentent une grande partie des membres de l’ONU et qu’ils ont un nombre limité de sièges au sein du Conseil de Sécurité, l’organe de l’ONU qui prend la majorité des décisions. De plus en plus de problématiques se soulèvent également autour de la légitimité des cinq membres permanents de ce conseil, qui reflètent l’état de la scène internationale à l’époque de la guerre froide, alors que leur puissance est désormais contestée par ce que nous considérions il n’y a pas si longtemps comme des pays émergents.

Dans ce contexte, la phrase d’Antonio Gramsci en 1929 semble correspondre à la situation : « Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». En effet, entre les mouvements terroristes, incontrôlables par les puissances militaires traditionnelles, et la montée en puissance des mouvements nationalistes extrémistes, le monde semble s’enfoncer dans un cercle vicieux de haine et d’intolérance. Cela s’est notamment illustré lors des dernières élections du parlement européen, à l’issue desquelles les partis d’extrême droite ont gagné en pouvoir, alors que les partis libéraux-démocratiques semblent être la cible de nombreuses critiques sur la façon dont ils ont géré les crises multiples que nous avons traversées depuis 2008.

Seulement et bien heureusement, ces partis ne sont pas les seuls à venir sur le devant de la scène. Avec la menace pesante du changement climatique, qui outre la destruction de notre précieux écosystème, apporte aussi de nombreuses questions en ce qui concerne la solidarité internationale et particulièrement sur la question des futurs migrants climatiques, de nouveaux mouvements politiques voient le jour. Bien souvent à l’initiative des générations les plus jeunes, ces mouvements prônent la coopération internationale afin de faire face aux nouveaux défis auxquels nous devons faire face.

UN Habitat and WWF Unite

Face à cette volonté de se faire entendre et de changement, les institutions internationales s’ouvrent peu à peu à la possibilité d’inclure les grandes ONG de protection de l’environnement et des droits humains dans leurs décisions. Certaines d’entre elles assument déjà un rôle de consultant auprès de l’ONU et elles bénéficient de meilleures protections en ce qui concernent leurs activités. En cela elles deviennent même plus efficaces que les États et institutions puisqu’elles peuvent agir beaucoup plus librement sans être accusées de vouloir spoiler le pouvoir de l’État dans lequel elles agissent. D’ailleurs, cette paranoïa presque systématique des États par rapport aux ingérences étrangères est l’un des plus grands freins à la coopération internationale. Alors même que tous les gouvernements savent qu’il n’est plus possible d’agir seuls, ils font preuve d’une certaine hypocrisie dès que cela touche d’un peu trop près leur territoire et leurs intérêts. C’est pour cela qu’il est important de s’engager afin de favoriser la montée au pouvoir de politiciens qui sont capables de voir plus loin que le bout de leur nez.

En ce qui concernent les multinationales, elles représentent plus souvent une menace à l’environnement et aux droits humains qu’autre chose. Du lobbying politique intense à la délocalisation des entreprises qui amène bien trop souvent à l’exploitation de populations entières comme les Ouïghours, leurs méthodes frôlent, voire plongent dans l’immoralité la plus totale. Mon but n’étant pas de vous faire déprimer, je suis ravie de pouvoir vous annoncer qu’il est possible de contrer ces manœuvres, tout d’abord en se mobilisant pour faire entendre notre voix, et en privilégiant des marques éthiques au quotidien. Attention cependant aux marques qui profitent de la mode du bio et de l’éco responsable pour se faire de la publicité. Pour cela, les applications mobiles et différents sites internet vous seront utiles.

Finalement, je voudrais évoquer le sujet épineux d’Internet. Cet outil, sans lequel nous serions complètement perdus, est à double tranchant. Alors qu’Internet facilite les échanges, et permet à la population de se mobiliser dans le monde entier, c’est aussi une source de pollution immense avec les milliers d’hectares de hangars abritant les serveurs dont l’entretien consomme une quantité phénoménale d’énergie. La solution à ce problème est pourtant relativement évidente ; à votre échelle, vous pouvez supprimer vos anciens mails, vous désabonner des différentes newsletters et demander aux organisations de supprimer vos données. À l’échelle internationale, il suffirait de faire pression sur les géants du web afin qu’ils optimisent la gestion de nos données, et s’ils pouvaient arrêter de les vendre au plus offrant au passage nous en serions encore plus gagnants. Plus facile à dire qu’à faire me diriez vous. Mais je crois sincèrement que nous avons le pouvoir de nous faire entendre lorsque nous nous rassemblons, et même si cela doit prendre des années, chaque pas est un progrès considérable vers une société plus éco-responsable et plus solidaire. Le mouvement est déjà en marche : cet été, les gouvernements ont enfin osé faire face aux grandes multinationales en leur imposant une taxe minimum sur les bénéfices faits sur les différents territoires.

Il ne tient plus qu’à nous de continuer à suivre la bonne voie et de faire de notre monde, un monde meilleur.