L’oenotourisme pourrait-il sauver la filière vitivinicole française?

La filière vitivinicole française est soumise à des pressions croissantes, en France comme à l’étranger, mais elle a encore des options, alors comment s’adaptera-t-elle à l’évolution du paysage ?

Les vins et spiritueux constituent la deuxième exportation française après l’aérospatiale. Bien que la France produise sans doute les vins les plus connus, l’aspect commercial des choses, comme toute entreprise, est soumis à son marché. Comme la plupart des chefs d’entreprise vous le diront, le marché dépend de la commercialisation, et la France a certaines des lois les plus strictes en matière de commercialisation de l’alcool.

En vertu de la loi Evin de 1991, aucune publicité sur l’alcool n’est autorisée à la télévision et la loi interdit aux compagnies d’alcool de commanditer des événements culturels ou sportifs. La loi a été largement critiquée pour son objectif de protection de l’enfance, plusieurs études ayant conclu que  » la version 2015 de la loi française Évin ne semble pas protéger efficacement les jeunes contre l’exposition à la publicité sur l’alcool en France  » ; un amendement, proposé en 2015 par Emmanuel Macron, visait à faire la distinction entre publicité et ‘la pub’ afin d’aider à promouvoir une production de vin associée à une région en France, mais le projet de loi a été censuré. Macron s’est également récemment prononcé en faveur de nouvelles modifications de la loi qui déréglementeront la publicité de l’oenotourisme en France, mais sans changer  » ni la philosophie ni l’objectif  » de la loi. Les raisons de ces changements sont essentiellement économiques et visent à aider les producteurs de vin régionaux en France.

Les producteurs et exportateurs de vin français ont été confrontés récemment à plusieurs autres défis majeurs, dont l’intensification de la concurrence. Avec le développement rapide de la production du Nouveau Monde, la concurrence s’intensifie et de nombreux producteurs français traditionnels ont du mal à s’adapter aux profils et aux goûts des clients modernes.

Les effets du changement climatique sont également indéniables, si l’on considère les changements récents des périodes de récolte et les conditions météorologiques imprévisibles. En 2017, la production viticole française a baissé d’environ 20 % en raison de divers phénomènes climatiques, ce qui a eu un effet significatif sur ses capacités d’exportation pour la prochaine décennie.

Deux des plus gros importateurs de vin français sont la Chine et le Royaume-Uni. En 2018, les chiffres indiquaient également une baisse de 25 % des expéditions de vin français vers la Chine, et la monnaie britannique s’affaiblit – d’environ 20 % depuis avant le référendum, rendant l’importation de vin français beaucoup plus chère. Jason Yapp, un négociant en vins indépendant au Royaume-Uni, pense que le vin français va devenir jusqu’à 25 % plus cher dans les 12 à 18 prochains mois.

« Je pense que c’est un désastre. Seuls deux producteurs avec qui nous traitons ont fait des concessions sur les prix à la suite de la dévaluation de la monnaie. »

Ainsi, une grande solution à tous ces défis semble être la diversification. L’oenotourisme permet de compenser les fluctuations de la production et des ventes de vin, n’est pas soumis aux lois sur la publicité pour l’alcool et aide à redistribuer les revenus et les emplois aux régions du pays qui ont généralement des revenus plus modestes, mais bénéficient d’un climat et de paysages attractifs. Des réformes économiques récemment adoptées concernant le marché du travail français et la réduction de la bureaucratie ont été entreprises dans le but de réduire les coûts pour les entreprises et de les rendre plus compétitives sur le marché mondial.

Des initiatives telles que ruedesvignerons.com sont conçues pour aider les viticulteurs à aborder le marché international, en leur fournissant la plate-forme et le réseau dont ils ont besoin pour présenter leurs vins et leurs offres.

Bien sûr, les hôtes œnotouristiques en herbe devront investir, dans leurs terrains et bâtiments, mais aussi dans leur personnel, pour développer les compétences linguistiques et le service à la clientèle de leur équipe. La plupart des touristes viticoles viennent des Etats-Unis et du nord de l’Europe, donc parler anglais est un must (une petite blague pour les viticulteurs).

Accueillir les invités construit une relation qui dure longtemps après la fin de la bouteille de vin
 

La vinification est un métier beau et ancien.

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